Les Limonadiers de Virton par Frédéric Renauld
Escarmelle : ce limonadier était situé rue des Fossés en face du cinéma Patria, à côté de l'ancienne boucherie Thiry. C'est sans doute le plus ancien limonadier
indépendant de Virton mais il vendait aussi d'autres boissons.
Sur une photo d'un camion Ed. Liégeois-Escarmelle, on peut lire : "Champagnette Royale et Citron Virton".
Roberty : ce limonadier était situé au Faubourg d'Arival (en direction de Saint-Mard, 2ème maison à droite avec escaliers sur les côtés). Il vendait aussi des
denrées coloniales.
Madame Fagny, la fille de l'avocat Brey qui habitait juste en face de cette limonaderie, m'avait dit qu'étant petite fille : "elle prêtait l'oreille pour écouter si il n'y avait
pas de sifflement indiquant qu'une bille (c'était la bille qui faisait la fermeture de la petite bouteille de soda à l'époque) était en train d'exploser d'une bouteille et cela
pour aller vite la récupérer afin de pouvoir aller jouer aux billes par la suite".
4 bouteilles connues : 3 grandes bouteilles gravées à bouchon à vis dont une des deux vertes, est marquée : "Limonade, Eaux Gazeuses" (la seule sur Virton) et une
transparente + 1 petite bouteille transparente à bille.
La "cidrerie" Munaut faisait aussi de la limonade gazeuse appelée "La Française".
(Le fondateur ne cachant pas ses origines)
2 bouteilles connues : 2 grandes bouteilles vertes à bouchon à vis marquées en relief.
Les brasseries de Virton faisaient aussi de la limonade et de l'eau de table (eau pétillante).
La brasserie Hobschette a été la première brasserie de Virton à produire limonade et eau de table avant fin 1900 et la seule à la proposer en siphon.
La brasserie du "Franklin" devient de 1898 à 1911, la Société Coopérative "Le Progrès" où travaillent les deux frères Collignon (Cyprien et Lucien). Cyprien
Collignon en sera le directeur.
De son côté, Lucien Collignon deviendra un limonadier indépendant.
2 bouteilles connues : 1 grande bouteille verte gravée à bouchon à vis + 1 petite bouteille transparente à bille.
A noter que c'est sur une bouteille du limonadier Ramellini-Loy de Ethe
que cette étiquette de limonade "La Française" au citron de chez E. Munaut
fut collée.
Eau de table : c'est la seule étiquette
de la brasserie Renauld qui reprend les
couleurs et les armoiries de Virton
avec de la dorure en plus !
La brasserie Renauld a été le dernier fabricant virtonnais à produire ses propres limonades à partir de 1948.
Il y avait le choix entre orangeade, citronnade, grenadine. On a même produit du cola*.
Avant guerre, la brasserie était dépositaire des eaux et limonades de Cristal-Chaudfontaine et revendait même les limonades
Roberty. Aucune étiquette à limonade de la brasserie Renauld n'a été conservée ou retrouvée.
3 bouteilles connues : 2 grandes bouteilles transparentes (une marquée et une en relief) avec bouchon mécanique + 1 petite bouteille
transparente et gravée à capsule. La capsule était imprimée en couleur bleue parce que destinée à une bouteille de ¼ L avec comme
preuve de la taxe, le rond central du Ministère des Finances et sur son pourtour, le nom de la brasserie Renauld.
* A la libération, les campagnes publicitaires font que tout le monde veut boire du Coca-Cola
et c'est l'ancienne brasserie Lemaire d'Izel qui obtient la concession pour les cafés et épiceries du Sud-Luxembourg.
Même pour les Limonadiers, il y avait une fédération des fabricants de limonades.
Voici la convocation de 1920 avec son ordre du jour adressée à Eugène Munaut en tant que fabricant de limonades.
Concurrence directe et inattendue ?
La firme Liebig, après son succès au niveau des extraits
de viande a voulu aussi s'emparer du marché de la
limonade dès le début des années 30 avec Oxade.
Liebig proposait aux particuliers via les magasins et aussi directement aux cafetiers, des tablettes de citronnade ou
d'orangeade qu'on faisait dissoudre dans un grand verre d'eau. Le succès n'a pas été au rendez-vous.
Comment ces limonadiers faisaient-ils leurs limonades ?
1) Il fallait faire du sirop de sucre mélangé avec des essences de fruits et des parfums.
2) La dose est mise directement dans la bouteille par la soutireuse.
3) La bouteille est remplie par la soutireuse d'eau gazeuse (eau + Co2)
Ça n'a pas l'air difficile mais c'est comme pour tout : il faut les bons ingrédients et le bon
dosage pour faire la différence.
Prenons l'exemple du Coca-Cola, tout le monde a essayé d'en faire mais personne n'a
vraiment réussi à imiter son goût particulier !
Soutireuse à limonade
vers 1935.
Il faut faire la différence
et Eugène Munaut
l'a compris rapidement,
même s'il est coiffeur de métier.
Il faut des essences naturelles
et il sait où les trouver.
Grâce au chemin de fer,
il les fera venir de l'autre bout
de la France, là où on est
spécialiste en la matière !
VIRTONHC.BE Histoire & Collections
“Le Musée virtuel et gratuit de Frédéric Renauld”